L’ascension du Potosi ou le parcours de la vie- Bolivie

Printemps 2015. Après 6 mois au Mexique, nous partons Florent et moi à la découverte de la Bolivie.

– Ça te dit on fait un 6000?

– Euh… 6000 quoi?

– Beinh, 6000m d’altitude! Grimper une montagne en Bolivie. Le Huayna Potosi. 6088mètres.

– Oulala, 6000mètres? Mais on peut respirer là haut? Il fait combien déjà le Mont-Blanc? Il faudrait peut-être commencer par ça, non?

– Le Mont-Blanc fait 4810m. Oui il y a un peu moins d’air, tu es essoufflé plus vite, mais ne t’inquiète pas, ça ira.

-Euh… Ok … Bon, d’accord, je te fais confiance, on y va.

Après quelques jours d’acclimatation à La Paz, puis au salar d’Uyuni et au Lipez (des bijoux de la nature à ne pas manquer si vous avez la possibilité), nous voici en route pour deux jours d’ascension, avec pour objectif le sommet du Potosi.

 

Potosi ITINeraire

 

Le premier jour est assez facile. Nous partons de 4700m, l’air se fait déjà plus rare mais les paysages sont tellement magnifiques qu’on oublie les petites contraintes, et nous n’avons pas encore besoin des crampons et piolets. Nous arrivons dans un refuge à 5130 où nous dînons à 17h pour se coucher à 19h… Eh oui, il faudra se lever des minuit, si possible en forme, partir à 1h, afin d’arriver pour le lever du soleil, avant 6h du matin, en ayant parcouru 950m de dénivelé. Même pas peur, 950 de dénivelé, ce n’est pas beaucoup par chez nous, à 2000m d’altitude!

Le levé est pénible, la tête fait très mal avec l’altitude. On revêt notre combinaison, les chaussures d’alpinisme, les crampons, les piolets, et c’est parti! Les pas du guide sont très lents, de façon à nous préserver le plus longtemps possible et peut-être atteindre le sommet.

Dès la première heure, c’est très dur. J’ai l’impression d’être déjà vidée de mon énergie. « Ces pas sont si petits qu’on arrivera jamais là haut! » Mais je garde en tête que si j’arrête, nous arrêtons tous, et je dois pouvoir me dépasser et ainsi permettre à Florent de réaliser l’un de ses rêves. L’enjeu est de sentir sa véritable limite, et je le saurais si c’est trop. Alors, je continue.

Au bout de 2h30, je suis épuisée. Je tombe à genoux. Je n’ai plus de force. Pourtant on est à peine à plus de la moitié. Comment je fais? Dois-je tout arrêter?

Instinctivement, je lève les yeux vers le ciel, je vois les magnifiques étoiles et je demande à l’Univers de me donner la force de continuer. Une demande qui venait du plus profond de mon coeur, avec une réelle intensité, chose que je n’avais jamais exploré avant. J’ai eu soudain l’impression que la puissance de l’univers se trouvait en moi, un moment sublime.  Comme par magie, des bribes d’énergies me sont revenues petit à petit, un pas après l’autre. Le regard rivé sur les étoiles, celles-ci me permettent d’avancer. Je souffrais, mais j’avais l’impression que j’étais capable, que j’étais guidée et soutenue. J’ai arrêté de penser au sommet, et je me suis concentrée sur chacun de mes pas. Un pas après l’autre, je vivais le moment présent, j’y mettais tout mon coeur, sans penser au pas passé, sans penser au pas futur.

Nous avons ensemble atteint le sommet, sans vraiment y croire, épuisés et heureux.

 

sommet potosi

levé soleil Potosi

 

Quelle leçon en ai-je tiré, qui m’accompagne au quotidien?  Eh bien, j’ai compris que cela ne servait à rien d’être fixée sur l’atteinte des plus hauts objectifs, vouloir être la meilleure, la plus riche, la plus belle, celle qui a le plus grand succès… Non il s’agit de se délecter de chaque petit pas accompli, de les vivre pleinement, d’y mettre tout son coeur, en toute humilité. Nous pouvons demander à l’univers de nous aider, nous soutenir pour chacun de ces pas (et trouver des ressources qui se trouvent au bout du compte en nous)… Et l’arrivée au sommet se fera sans même que l’on s’en soit rendu compte!

 

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